PROGRAMMATION - INFOS MUJERES CREANDO

Autour María Galindo et du collectif Mujeres Creando – La Paz, Bolivie

María Galindo est une artiste de performance, réalisatrice et agitatrice politique féministe à la tête du collectif  Mujeres Creando (Femmes en train de créer…). Dans ce collectif luttent au jour le jour, avec lucidité et main dans la main, des paysannes, des prostituées, des bonnes, des artistes et des femmes en général, contre le racisme, la pauvreté, le machisme, l’homophobie, agissant pour construire une autre société, plus juste, plus égalitaire, plus heureuse à l’opposé du système néoliberal. Mujeres Creando réinvente de nouvelles façons de faire de la politique, de faire de l’art, de penser et agir à partir d’un regard féministe dans la Bolivie d’aujourd’hui ; ce collectif n’épargne pas dans son regard critique, les partis politiques et les leaders de toute tendance, y compris celui du gouvernement actuel Evo Morales.

Mujeres Creando pourrait être décrit aussi comme une structure d’agitation et de création artistique, de réalisation de films, d’actions et d’interventions urbaines, d’élaboration d’une pensée politique critique, d’aide aux femmes en situation précaire. Il compte, depuis quelque temps avec une maison, « La virgen de los deseos » (La vierge des désirs »), en plein centre de La Paz, qui dans les mots de Maria Galindo pourrait se décrire comme suit :

« Si on était au XVIe siècle, peut-être « La vierge des désirs » serait un couvent, quelle ironie ! Si on était au XIX siècle, elle serait un Quilombo, un lieu d’esclaves fugitives qui se rassemblent pour s’organiser en liberté. » Maria Galindo (www.mujerescreando.org)

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Autour de la Virgen de los deseos, maison du collectif  Mujeres Creando
La Paz, Bolivie.

Fuir pour construire (extrait)
de María Galindo

« Expliquer ce qu’est La virgen de los deseos (la vierge des désirs) n’est pas aussi simple que ce qu’on pourrait croire. Il ne s’agit pas du siège d’un groupe ou d’un mouvement, ce n’est pas non plus un centre culturel, ni une maison de femmes ou pour les femmes, pas même « une maison autogestionnaire », comme nous mêmes avons décidé de l’appeler.

« La Virgen de los Deseos reprend une stratégie que nous les femmes avons eu tout au long de l’Histoire, stratégie qui implique de fuir la réclusion pour ensuite construire un espace entre nous toutes ouvert vers la société.

« Nous sommes aussi, donc, des fugitives. Nous fuyons le jeu de « caudillos » qui s’est installé dans nos mouvements sociaux, nous fuyons le rapport victime-concession, rapport qui s’est établi depuis les mouvements envers l’Etat, nous fuyons ce en quoi on veut transformer la lutte sociale : un abattoir d’agneaux . Nous fuyons aussi, et en même temps, toutes les réclusions domestiques, en tant que mères, filles ou épouses. Nous aimons nos mères et nous sommes mères aussi, mais mères et filles qui fuient les cadres que ce rapport suppose. Comme vous le voyez, il n’est guère simple d’expliquer, car il s’agit d’un lieu précis de rencontre, de désobeissance et de rébellion personnelles mais aussi collectives.»

(traduction M Fuentes – El otro lugar / L’autre lieu. Marseille, janvier 2009)